La Maison des Écrivains

Le monde tel qu’il s’écrit

À propos

La Maison des Écrivains est un projet balbutiant d’hébergement de sites et blogs d’écrivains esquissé à partir ce billet professionnel.
Le principe de départ est de proposer à des auteurs de les accueillir (plateforme Drupal ou Wordpress) pour accompagner leur migration vers une écriture web.
Tout le reste est à faire, et vous pouvez me contacter ici pour en discuter.

Qui ?


Marie Cosnay est professeure de lettres classiques, traductrice de textes antiques, et écrivaine.
Des aubes particulières


Daniel Bourrion est le taulier de la Maison des Écrivains.
Face Écran

Les Immortels #6

Du peu, je sais encore les vaches amenées à paître dans des prés même pas enclos. Là-haut, où sont aussi les vignes. Les enfants surveillaient. Jouaient. Dormaient à l’ombre des arbres sur le flanc pile au Sud. Parfois on retrouvait les bêtes à l’autre bout du ban. La ceinture du père servait à la fessée. Personne ne protestait. Il y avait les bêtes à traire. Il y avait l’étable à nettoyer. La paille fraîche à descendre du grenier. Le fumier à charger sur la brouette plate. À entasser sur celui de la veille. De l’avant-veille. Des jours depuis toujours.

Les Immortels #7

Sur la stèle de marbre gris clair, il y a une plaque évoquant l’aventure. Les pièces échangées. La maladie en fait. Rien ne témoigne de la fête. Rien ne raconte les fous rires. Les barbecues. Les jours sur le chantier. Les cailles. L’odeur de la peinture. Les brochettes nous laissant les lèvres à vif dans la ville de l’autre côté d’une frontière ridicule. La voiture à tombeau ouvert. La cueillette des poires. Le vent dans les herbes hautes. Rien ne témoigne de ce que les mots ne nous suffisent pas.

Les Immortels #8

Quand le week-end arrive, il passe son équipement. Il rejoint des amis que nous ne verrons jamais. Ils ont construit sur les lèvres du bois un cabanon de chasse. À la croisée des passées de gibier. Du moins, c’est ce qu’il dit. Pour y avoir été une fois, je n’ai vu que des arbres. Et des champs vautrés au soleil. Oublieux de la rosée tendre. De cerfs, de biches, de daims, de sangliers, je n’ai pas vu une ombre.

Les Immortels #9

À l’inventaire il faut ajouter l’essentiel. Les cartons allongés, pliables, des paris PMU. La pince sans laquelle ces cartons ne servent qu’à encombrer. Il est des milliers de joueurs de l’époque qui jouent à espérer changer de vie. Troquer la leur pour celle de millionnaire. Il ne rate pas une occasion. Il y passe les dimanches quand l’organisation du service des repas l’y autorise. Sinon, il s’occupe de cela le soir, en rentrant de l’hospice. Dans la salle à manger sur le devant.

Une sorte de journal — 25 juillet 2020

Une écriture d’échardes
— je suis ton festin d’araignées.

Une sorte de journal — 23 juillet 2020


J’inscris le monde dans un cercle.
Le labeur des racines.
Rien que je puisse comprendre.

Une sorte de journal — 02 mars 2016

Un bloc sans paroles et tout est dit maintenant ; à relire tous mes livres, je n’ai plus souvenir d’aucun ; pendant que des bourrasques secouent le court genêt juste à l’orée soudain voilà qu’il devient un prunier — par là-bas d’où je viens son nom est un nom autre emmitouflé de loques, j’ai oublié aussi.

Tombeau #9

Je me souviens du dernier jour du collège, de la dernière fois que j’en ai franchi les grilles, du sentiment que ça donnait de tomber dans un vide qui était un futur et dont on voyait bien, au moment de sauter, qu’il n’y avait nul fond sinon la fin des temps, la nôtre en tous les cas, on verrait bien pour celle des temps, ça ne nous tenait pas vraiment lieu d’inquiétude alors que nous,…

Tempête, 2

Menditte. Mercredi 7 mai. Paysage 2010. Dater pour le plaisir, toucher le temps passer. Après le col d’Osquich, ne saurai pas y retourner, ça commence comme ça le paysage, tempest in my mind, toute la géographie avec moi qui tout le temps dégringole et ce sera en voiture si seulement tu, voiture, j’avais imaginé un récit avec voiture perchée sur une route de…

Sardinia #59

(…) jusqu’à ce que la ville plate de la White House meringue nous sorte par les yeux qu’on se dise sans un mot on trace vers Philadelphie va savoir pourquoi sans doute que dans un film on avait vu celle-là de ville

regardé en se goinfrant de pop-corn des plans-séquences des plans-bagarres des plans-courses-poursuites l’espèce de truc City Hall en plein milieu jouant à la rose des…

tempête, 1

Le roi après qu’il a été frustré de la parole refusée par la plus jeune de ses filles, sa préférée, Cordelia, parce qu’il n’a pas reçu d’elle le mot d’amour absolu, je vous aime, père, plus que tout au monde, décide de tout perdre. Il se dissémine, se disperse, s’éparpille. Il offre à la nuit son ancienne puissance. Sa tyrannie, son…

Sardinia #58

(…) finalement la White House loin dans le parc immense ras l’herbe brûlée jaune du soleil des cops posés dessous les arbres un coin de l’ombre cherchant costards lunettes le fil torsadé oreillettes dessus les avant-bras un truc gris dur déplié dur cachant les guns on voyait bien aux pieds un sac dedans je te laisse tout imaginer d’autres guns sans doute plus lourds chargeurs ou quoi de l’…

tempête, 3

Une jeune femme, un peu la pietà de Michel-Ange, aussi jeune qu’une pietà, plus heureuse, quoique. Son homme qui tourne mal, beau type brun, élancé, emporté et dont on comprend, si mes souvenirs sont bons, qu’il est désœuvré et qu’il a des idées ou illusions. Leur enfant minuscule. L’inquiétude dans laquelle est la jeune femme, pietà d’autrefois, l…